La lumière du soleil m’obsède littéralement. Je vis ma relation à la photographie comme une dépendance dure à l’éclairage de l’astre incandescent. Lorsqu’il vient illuminer l’intérieur de mon cadre, qu’il éclabousse un visage, un détail, ou irradie à perte de vue. Qu’il soit insoutenable, spectral, ambré frisant. Qu’il soit flamboie, écarlate ou métal, il reste l’ingrédient indispensable sans lequel toute prise de vue me semble inanimée.
En son absence, je ne suis que l’ombre de moi-même, et lorsque les circonstances m’acculent à la lumière artificielle, c’est la mort dans l’âme que je m’exécute.
Mais attention ! N’allez surtout pas croire que cette manne céleste apporte à mes images une gaité estivale. C’est tout le contraire en vérité. Elle y imprime plutôt l’exacte densité de l’ombre. Le zénith est pour moi le pic d'une nuit blanche, avec tout le mystère de l’insondable et de l’obscurité. C’est dans l’éblouissement que surgit l'au delà, dans les rayons du jour que batifolent les esprits. Saviez-vous que les vampires véritables dorment la nuit ? Faites un tour dans le désert et vous comprendrez.
Le soleil est un dieu bien plus sévère que la lune.
Plage de Jacmel (Haïti, 2011)