Pourquoi les photos ne groovent-elles pas avec l’efficacité implacable d’un titre de James Brown ? Cette insuffisance me rendrait presque jaloux des musiciens pop. Je me dis souvent qu'aux images, il leur manque la capacité à vous prendre au ventre, vous désaxer les hanches, et à vous embarquer hors de vous-mêmes. Quel est donc ce médium invasif, qui nous captive, sans tout à fait nous émouvoir ? À quoi, au juste, les images doivent-elles leur si grand pouvoir ? Au temps actuel de leur omniprésence, cette question reste sans réponse. Du moins pour la majorité d’entre nous. C’est pourtant un problème qu’il faudrait se poser avec sérieux. Sa résolution pourrait nous alléger de leur emprise, et nous les rendre, à la fois, plus mémorables et discutables.
Le fait est qu’elles articulent une langue dont les manipulateurs de symboles sont seuls à reconnaître l’alphabet.
Les autres, la multitude des autres, ne font qu’en distinguer l’accent ; chaleureux ou rude, sucré, grinçant, tendre ou sulfureux. Ce qui occulte tout approfondissement. À moins qu’elles ne soient élémentaires et directes, il devient de plus en plus indispensable d’avoir recours, pour les appréhender, aux langages écrit ou parlé. À mesure qu’elle prolifère, la photographie perd en lisibilité. Peut-être serait-il temps d’en interroger les subtilités.
HR