Travailler pour un magazine de life style, peut être terriblement frustrant. Outre le privilège d'être payé à voyager, ce type de commande impose de très lourdes contraintes. Celle du temps d'abord. Les délais sont très courts et les budgets serrés. Il faut être extrêmement rapide et efficace, même avec une météo médiocre.
Le photographe n'a aucun contrôle sur le choix des thèmes qu'il traite, et l'utilisation de ses images, qui peuvent être recadrées selon le bon vouloir du directeur artistique. Enfin, les décisions dépendent bien plus des services com et marketing que de considérations esthétiques. Ce qui, du point de vue de professionnels chevronnés de l'image fixe, est une aberration. Qui mieux, en effet, qu'un bon photographe connait le langage visuel et les codes du fantasme? Le marché étant ce qu'il est, le pouvoir du photographe se réduit à mesure que l'offre explose. L'accroissement exponentiel du nombre de prétendants a radicalement changé les règles du jeu, et réduits les budgets à peaux de chagrin. Il vaut mieux se soumettre, se montrer docile et connaitre du monde, si l'on veut espérer travailler.
Il est clair que la valeur ajoutée artistique, sur ce type de commande, est quasi nulle.
Et pourtant, je ne peux m'empêcher d'y engager encore beaucoup de moi-même. La poursuite de la lumière idéale, du moment unique, le stress de l'incertitude, l'attrait de la découverte, de l'inconnu, l'intelligence du hasard, sont toujours aussi motivants. Et puis il y a le traitement de la couleur lors de la post production, qui peut être un régal pour le regard.
La photographie de magazine est une activité surannée, et condamnée, à terme, à disparaitre. C'est un fait. Elle n'en reste pas moins une manière très agréable, pour un homme d'image, de gagner sa vie. Autre avantage non négligeable: elle m'a permis, des années durant, de développer mon travail artistique.
HR