Depuis toujours, le voyage incarne le fantasme d'ailleurs, d'exotisme et de nouveauté. Il n'a jamais été aussi aisé, particulièrement pour les nantis, de survoler les mers et fouler d'autres sols.
Celui ou celle qui reste dans les limites de sa ville ou région jalouse celles et ceux qui les narguent, sur les réseaux sociaux, avec leurs photos de voyage, sciemment composées à cet effet.
Je suis très bien placé pour connaitre ces choses, car, comme presque tous les photographes, j'en use, en conscience, dans mes pratiques professionnelles et artistiques.
Comme chacun sait, le bas de la rue n'est pas sexy. Ce qui est à la portée du regard de tous a peu de valeur. L'homme moderne a besoin de spectaculaire. Il préfère le frisson de l'inaccessible, le pincement du sensationnel. Et tant pis pour son empreinte carbone!
Alors, pourquoi ne pas - de même que pour les fruits et légumes - réhabiliter le local, les circuits courts, et rendre désirable le trottoir d'en face, ré enchanter la zone périphérique? Le voyage véritable n'est-il pas intérieur?
C'est pour moi une idée séduisante, mais pas nouvelle. Il m'est déjà arrivé de parcourir les rues de mon quartier à la recherche d'images pertinentes. Je l'ai souvent vécu comme une recherche ingrate, une trajectoire de funambule.
Les belles trouvailles en sont d'autant plus gratifiantes.
La photographie ci-jointe - réalisée sans le moindre trucage -, qui a surgi d'un quai de la gare Saint Lazare allie le sens à la forme, et témoigne magnifiquement de la magie du quotidien.
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