Cette photo m'est apparue sur Instagram il y quelques jours. Elle représente une jeune femme photographiée en Croatie.
Je n'y aurai pas prêté la moindre attention si elle n'avait fait écho à un évènement lointain de ma vie.
Il y a une vingtaine d'années, j'ai aimé une jeune femme d'ascendance croate nommée Marie-Hélène. Notre relation ayant été marquée par une insurmontable incohérence, nous nous sommes séparés dans des circonstances troubles, sans que nos sentiments n'aient réellement pris fin.
Elle a finalement quitté la France pour sa Croatie et je ne l'ai jamais revue. La dernière fois que j'ai eu de ses nouvelles, elle m'appelait d'un rivage de la mer Adriatique. Sa voix était triste et feutrée. Elle semblait perdue dans une autre dimension.
Il m'arrive de penser à elle avec tendresse et de me demander ce qu'elle est devenue. Le physique de la jeune femme représentée sur cette photographie est étonnamment semblable à celui de la Marie-Hélène de l'époque où nous nous sommes connus.
Il se trouve que la veille de cette découverte, j'avais une pensée pour elle. Comme si cette photo m'était parvenue d'un plan de réalité parallèle. Comme si c'était elle, précisément, qui m'envoyait un signe.
La poésie et la mélancolie de l'image me renvoient au déchirement que nous avons vécu. Ce visuel m'a semblé venir illustrer l'appel téléphonique qui a scellé la fin de notre relation.
Il s'agit d'une image fantôme qu'un faux hasard a offert à mon regard ému.
J'aimerai tellement savoir ce que la vie a réservé à Marie-Hélène.
Que l'auteur.trice et le modèle de cette photo me pardonnent pour cette appropriation.
Les photographies peuvent aussi servir à réveiller la nostalgie des autres. C'est là une de leurs plus belles qualités.
HR